mercredi 28 février 2007

Les aventuriers des archives perdues

Les historiens dépendent des archives de tous genres pour se doter de matériaux sur lesquels leurs recherches sont basées. Ils (elles) se rendent donc souvent aux centres d’archives nationaux et régionaux, où les informations abondent.

Or, outre ce qui se trouve à l’abri et bien géré dans ces centres, il existe et subsiste ici et là, dans Lanaudière comme ailleurs, quantité de documents textuels et iconographiques exceptionnels qui sont inconnus des chercheurs. D’une part, les propriétaires ou gardiens de ces trésors ne savent pas, ne
voient pas l’utilité et la pertinence de les verser dans des fonds d’archives; d’autre part la conservation locale d’archives connues est parfois préférée à leur dépôt en centre d’archive accrédité, soit pour faciliter l’accès aux historiens de proximité, soit pour d’autres raisons.

Une autre dimension de la même question est celle du degré d’utilisation des archives existantes. Il faut réaliser que le nombre d’historiens amateurs et professionnels en région demeure plutôt limité. La collaboration entre les plus actifs d’entre eux n’est pas une habitude, ce qui limite la circulation d’informations sur des fonds d’archives méconnus. Or, des archives peu consultées sont un peu « perdues », c’est-à-dire invisibles, comme des tombes égyptiennes que le sable préserve, mais dont le contenu ne sert pas de matériau à la culture humaine. Autre cas d’espèce, celui d’une société d’histoire bien structurée, où on manque de bénévoles pour répondre à la demande de consultation, et d’argent pour faire numériser les documents rares et fragiles. Des opportunités qui se perdent, faute de support des pouvoirs publics.

Reste enfin le risque de destruction ou dégradation d’archives faute de ressources pour les mettre à l’abri, les conserver adéquatement, les traiter, classer, les faire connaître. En attendant, ces pièces de patrimoine vont à l’aventure et se perdent peu à peu.


Claude Ferland
Recherchiste en histoire
Photo: Quelques pièces préservées par le Centre régional d'archives de Lanaudière.

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