samedi 17 mars 2007

Louis Riel amoureux d'une assomptionniste

[Fait historique]

Louis Riel, au début de la trentaine, encore célibataire est voué entièrement à l’émancipation de son peuple. Ardemment recherché par la police, il doit trouver refuge aux Etats-Unis. Là, des amis l’accueillent et surtout des Canadiens-français sympathiques à sa cause. Riel est reçu au presbytère de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Keeseville, petite communauté de Canadiens-français qui vivent de l’exploitation forestière dans l’état de New-York, près de la frontière américaine.

Le curé Fabien Barnabé manifeste beaucoup d’empressement à recevoir le jeune héros persécuté. L’abbé Barnabé est originaire de L’Assomption. Son père, Fabien Martin-Barnabé est forgeron. Il avait son atelier sur la rue Saint-Jacques, angle nord-est de la rue Saint-Joseph. Après des études au Collège de l’Assomption (18e cours), le fils est ordonné prêtre à Montréal, le 21 décembre 1861. Suite à quelques années de ministère dans le diocèse de Montréal, il est nommé en 1870 à la cure de la paroisse catholique de Keeseville.

À la mort de son père en décembre 1872, le curé Fabien Barnabé accueille sa mère et la benjamine de la famille, sa jeune sœur Marie-Élisabeth-Évélina, à son presbytère juste en face de l’église paroissiale. Évélina, blonde aux yeux bleus, gracieuse et toute menue, musicienne accomplie, touche l’orgue à la paroisse de son frère. La jeune femme enjouée de 23 ans s’éprend du jeune héros de l’Ouest.

Le bon curé Barnabé installe son illustre visiteur, Louis Riel, dans une grande chambre de coin, sise à l’étage, dont la véranda domine un énorme lilas. Riel vient d’avoir 32 ans, célibataire d’une prestance remarquée, cheveux épais et foncés, lissés vers l’arrière, la barbe bien taillée, impressionne la jeune fille qui vient de quitter le deuil de son père. Les amoureux se rencontrent souvent mais les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre restent discrets.

Louis captivé par le sort réservé à sa nation au Manitoba parcourt le nord des États-Unis cherchant des alliés à sa cause. Il se croit bientôt investi par Dieu de la mission de sauver son peuple et son ardeur se transforme en délire religieux. C’est au sortir de l’Asile de Beauport en 1878 que Louis Riel reçoit encore l’hospitalité généreuse du curé Barnabé toujours à Keeseville. Son cœur n’a pas oublié Évélina et elle lui a réservé le sien.

« Ô bonne Évélina! Vous que je trouve aimable
Et pour qui je désire un sort vraiment heureux!
Si vous mangez souvent le pain très délectable;
Si vous aimez la sainte table;

Je demande au bon Dieu qu’il exauce mes vœux
En daignant nous unir, au plus tôt, tous les deux. »

La jeune femme séduite par tant de flamme n’hésite pas à dévoiler son attirance pour l’homme qui vient de sortir d’une si lourde épreuve.

« Vous êtes pour moi si aimable,
Que je vous suis inséparable. »

Mais la vie à Keeseville n’est pas facile. Le curé Fabien Barnabé fournit à Louis Riel un lopin de terre à cultiver pour subvenir à ses besoins. Mais il n’y avait pas fortune à faire avec ça. Riel prépare donc un projet d’invasion du Manitoba : cependant ses alliés irlandais refusent de collaborer. Il décide donc de partir pour l’Ouest. En novembre 1878, avant de quitter Keeseville, il se fiance en secret avec la gracieuse Évélina contre la volonté de madame Barnabé, Josephte Désilets, qui n’apprécie pas cette relation.

La distance et le temps vont atténuer la passion de Louis Riel pour Évélina. La vie le destine à un autre sort. Il lui consacre encore quelques mots d’amour auxquels Évélina répond avec empressement et nostalgie : « Souvent je vais m’asseoir sous les lilas, qui déjà se préparent à fleurir. J’ai hâte d’en cueillir une fleur afin de vous l’offrir. Je me reporte à ce temps où nous étions si heureux tous les deux assis sur le même banc. »

On rapporte même que la jeune femme a déposé dans son billet doux quelques fleurs séchées que Riel a conservé dans la poche intérieure de sa veste jusqu’à sa mort.

Louis prend bientôt la tête d’un soulèvement des Métis contre les autorités gouvernementales. Sa flamme pour Évélina n’est plus qu’un souvenir vague et agréable. Louis poursuit sa lutte contre les oppresseurs de son peuple. Il épouse une de ses compatriotes Marguerite Monet dit Bellehumeur le 27 avril 1881.

En 1885, Louis Riel se livre au tribunal qui le condamne à la pendaison pour trahison. Il monte sur l’échafaud le 16 novembre de la même année. Le curé Fabien Barnabé est emporté par la tuberculose à l’âge de 44 ans. Son corps est inhumé sous l’église de L’Assomption, le 12 avril 1883. Quant à Évélina, elle revient au Québec avec sa mère et se marie finalement quelques temps plus tard.


Source: Claude St-Jean
Photo: http://img.search.com/thumb/2/21/Louis_Riel.jpg/250px-Louis_Riel.jpg

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Très intéressant. Je ne connaissais pas ce fait.